Entre David Babin et la musique, la passion est innée et atavique. Né le 22 septembre 1981 à Paris d'une mère pianiste, professeur et musicologue et d'un père psychanalyste, le futur Babx ne cherche pas sa voie très longtemps. Enfant, il rencontre Nusrat Fateh Ali Khan, car le maître du chant qawwalî collabore avec sa mère. Celle-ci, en plus d'être son professeur particulier de piano, ne cesse d'ouvrir de nouvelles perspectives artistiques à son fils. Si l'on ajoute à cela que le grand-père de Babin est chef d'orchestre et que son beau-père, plasticien, travaillant sur des décors de cinéma, est à l'origine la cinéphilie du garçon, on comprend à quel point la tentation d'une carrière artistique a été grande. Il quitte l'école à 17 ans pour s'y consacrer.
En réponse à la rigueur de sa formation classique, David Babin succombe à la subversion. Celle du rap tout d'abord (Wu-Tang Clan, Ministère A.M.E.R.), mais aussi du rock d'Iggy Pop à Rage Against the Machine. À 20 ans, il a compris que « la musique est toujours une forme de révolte » et subit un choc artistique encore plus grand à l'écoute du Récital en Public à Bobino 1969 de Léo Ferré. Le grand chantre de la chanson française lui fait ensuite découvrir les mots de Rimbaud, Apollinaire, Aragon... Une famille littéraire d'écorchés vifs, de désabusés, mais pourtant romantiques privilégiant toujours la quête extatique.
Il se produit jusqu'en en 2001 en tant que baryton au sein des Glotte Trotters, chorale de chants du monde. Puis il se lance seul et compose la bande sonore de spectacles et de pièces de théâtre entre 2000 et 2003. L'année 2004 lui réserve un cadeau. Alors qu'il vient de fonder le label Karbaoui Records avec des amis, il a l'occasion de racheter et de restaurer le mythique Studio Pigalle, dans lequel ont eu lieu les premiers enregistrements de son maître, Léo Ferré, à la fin des années 1940. Babx s'y sent déjà chez lui. Les « vibrations » du studio lui inspirent alors les chansons de son premier album, qui sort chez Warner en mars 2006.
Ce disque homonyme régale les critiques et le public qui y décèlent les références du musicien. Sont cités Alain Bashung, Tom Waits, Jacques Brel et bien sûr Léo Ferré. Qu'il déshabille la société (« Silicone Baby », le tragique « Kamikaze »), qu'il évoque l'amour comme au temps du cinéma de Carné (« Tes lèvres ») ou relate ses souvenirs (« Sous le piano de ma mère »), Babx manifeste un réel amour de la langue. L'album, nominé aux Victoires de la musique 2007, élu Coup de Coeur de l'académie Charles Cros 2006, entraîne son auteur-compositeur sur la route pendant un an. En 2008, Babx apparaît en tant que parolier sur le premier album de Julien Doré.
Le 6 avril 2009 sort son second album, Cristal Ballroom. Dans une interview de 2007, Babx appelait « ballroom » la « vie rêvée des autres » celle qu'il a souvent imaginée enfant lorsqu'il écoutait aux portes du cabinet de son psychanalyste de père. Comment ne pas y voir un parallèle avec le premier single « Electrochocs Ladyland » Avec ses allitérations harmonieuses, Babx parle d'un besoin d'évasion, demandé à un mystérieux docteur. Avec cette exigence digne d'un artisan chevronné, on oublierait presque le jeune âge de cet artiste qui conçoit « Une chanson, (comme) de la haute couture : un pli de trop ou de moins et tout bascule.»
Auteur, compositeur, Babx est aussi un producteur qui arrange et réalise le premier album de Camélia Jordana avant de l'inviter sur son troisième recueil sur le duo « Je ne t'ai jamais aimée ». Publié en mars 2013 et précédé par l'extrait « Tchador Woman », Drones Personnels est encensé par la presse dont l'hebdomadaire Télérama qui lui accorde ses quatre fortissimo. Cette reconnaissance n'entame pas la discrétion de l'artiste qui peaufine sur des textes de poètes les musiques de Cristal Automatique #1, quatrième album paru en juin 2015 après un lancement parisien à la Maison de la Poésie. Cette premiere sortie sous le label Bison Bison met à l'honneur des textes parfois subversifs signés Rimbaud, Baudelaire, Genet, Artaud, Kerouac, Césaire, Miron ou Tom Waits. Celui-ci remporte le Grand Prix de l'Académie Charles-Cros. Il est suivi, deux ans plus tard, par un cinquième album intimiste, Ascensions, dans lequel prédomine le style piano-voix.