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Latest Release "Die Transzendenz" Out Now
Né à Berlin Ouest en 1958, Olaf est l'enfant d'une Allemagne d'après-guerre, en pleine reconstruction et tiraillée entre deux mondes qui regardent dans des directions opposées. Ses parents déménagent à Munich (Allemagne de l'ouest) en 1960 ou Olaf passera de longues années, mais ayant beaucoup de famille et amis à Berlin, il y passe la majorité de son temps libre, pour finalement s'y installer définitivement en 2006.
Dès ses 16 ans, l'apprenti geek rêve de devenir musicien. Les synthés qui existent alors sont très peu abordables. Fauché, il passe ses journées à lire des magazines et des livres spécialisés afin de comprendre les secrets de l'électronique. Il parvient ainsi à assembler son premier synthétiseur et séquenceur qu'il nomme "Symboter 1A" et à customiser un Korg MS-20. Des Roland Jupiter-4, Moog modulaires, Roland TR-808, vocodeurs et même un "Symboter B" suivent et trouvent leur place dans le home studio qu'il installe à Munich en 1975.
Influences et « carrière musicale »
Au milieu des années 1970, Olaf, qui vit alors dans une Allemagne de l'Ouest d'avant chute du mur, est immergé dans une scène musicale allemande en pleine ébullition, secouée alors par le mouvement krautrock qui devient la bande-son de son adolescence : Can, Amon Düül, Neu!, Faust... cette même scène incite David Bowie à s'installer à Berlin (et à sortir en 1977 l'album "Heroes", second volet de sa trilogie allemande) et Olaf Schirm à faire ses premières expérimentations musicales élaborées par ses propres instruments.
Il le dit lui-même :« Je suis un enfant du début de la musique électronique. »
Le véritable point de départ pour Olaf est l'écoute de l'album Alpha Centauri de Tangerine Dream qui lui ouvre alors un véritable univers musical et change sa vie. Plus tard, la musique de Jean-Michel Jarre fut une source d'inspiration à laquelle s'ajouteront de nombreuses autres influences comme Robert Schröder, Vimal, Vangelis, Tomita, Wendy Carlos, Earth Tone ou encore Claude Larson. Mais la découverte de Kraftwerk et le célèbre « Autobahn » le rapprochera d'une musique aux tendances plus mélodiques et minimalistes empreintes de storytelling. En 1978, il est fasciné par le concept album du groupe, "Man Machine", fortement imprégné de science-fiction et décide que Symboter deviendra l'extension technologique de lui-même afin d'assouvir pleinement ses désirs de musiques synthétiques. La pochette de la rétrospectiveSymboter 1982-2016n'est d'ailleurs pas sans rappeler celles de Heroeset de Man Machine, où l'humain côtoie le robot.
Son studio de Munich, incroyable vaisseau spatial rempli de prototypes, verra naître toutes les chansons composant le tracklisting de cette compilation célébrant ses années les plus créatives. Symboter(1982-2016) regroupe les titres-phares extraits de ses trois pièces maîtresses : Matrix,Synchotron(sortis en 1982 et composés entre 1978 et 1982) et Phon-Ethik(sorti en 1983 et composé entre 1982 et 1983). Ces albums sortent à l'époque en cassette via le label Syntape et signent une période fortement marquée par l'utilisation de synthétiseurs (système modulaire Moog) et de séquenceurs. Son style s'impose alors comme une musique synthétique, les compositions telles des voyages intergalactiques, plongeant l'auditeur dans un univers futuriste et de science-fiction. Les titres chantés, rythmés, quasiment synth-pop cohabitent avec de longs instrumentaux de boucles et d'orgues hallucinés. La compilation regroupe également quelques inédits des années 1980, auxquels s'ajoutent des pièces enregistrées entre 2014 et 2016 après une longue pause musicale.
La pause musicale et la carrière professionnelle :
En 1985, le studio de Olaf est ravagé par une inondation qui marquera la fin de sa première carrière musicale. En effet, malgré le succès de son side-project Japotage en 1985 - dont les cassettes se vendent si bien que l'entreprise Marlboro utilise une des chansons pour une campagne aux États-Unis - Olaf décide alors de tourner la page.
À l'instar d'un Bernard Fèvre en France qui, quelques années auparavant, échouait à faire carrière avec sa cosmic disco sous le nom Black Devil Disco Club et se recentrait sur son travail de producteur de library music (en intégrant notamment la régie publicitaire d'Europe 1), Olaf délaisse la musique pour travailler comme archiviste dans l'audiovisuel, à Munich. Il commence alors à se passionner pour les effets spéciaux et réalise notamment ceux du clip « Living on My Own » de Queen. Touche-à-tout, il se lance dans le business florissant de l'informatique dans les années 1980-1990. Il monte sa société d'animation à Munich, ce qui lui donne l'occasion de collaborer avec Peter Gabriel ou encore Dieter Meier du groupe avant-gardiste suisse Yello. Il part vivre ensuite à Cologne où il monte deux autres sociétés spécialisées dans les capteurs de mouvement et les acteurs virtuels, et fonde finalement une société spécialisée dans la robotique, entre Munich et Berlin, expérience qui durera entre 2003 et 2014.
Toujours passionné de technologie et de robotique, Olaf est désormais ingénieur dans la high-tech et concentre son activité sur les capteurs de mouvements, sons, lumière, température, fréquences...
Vêtements sensoriels à capteurs intégrés et casques à réalité augmentée font désormais partie de son quotidien. Symboter est un vrai "man machine". Son rêve est devenu réalité.
Le retour à la musique
Dès le début des années 2010, il décide de composer des nouveaux titres en utilisant la technologie de l'intelligence artificielle qu'il a contribué à élaborer : « Mon désir de création sonore est désormais complètement différent de celui que j'avais il y a 40 ans. »En effet, sa musique est modifiée également par l'introduction de nouveaux logiciels comme Ableton Live et NI Reaktor, et des équipements récents comme le Prophet 12 ou le Waldorf Blofeld. Les morceaux sont désormais de plus en plus expérimentaux, contrôlés par des capteurs, et aux nuances plus fines (regroupés dans cette compilation sous les titres « EO », « Hang », « Farewell », « Q-CHORD », « Music For 5 Pianos », « Phased Music » et « HeartDrive »).
Ses influences sont variées et, loin de cloner ses références (Brian Eno, Steve Reich et la technique de déphasage) il s'en affranchit avec une tendance toujours ancrée à rompre avec les traditions. Le résultat de plus de 40 années d'expérience d'ingénieur culmine dans cette exploration de la frange floue qui se trouve entre les ondes et les creux, entre les zones de son et de non-son : « L'étincelle peut jaillir entre ce qui est attendu et non-attendu et le mélange des deux éléments : le silence 'analogique' est un son et les événements non contrôlés sont la clef de voûte du processus de création. »
Les thèmes
Le travail de Symboter est une véritable aventure sonore, dense, qui a évolué au fur et à mesure des nouvelles technologies. Depuis 40 ans, sa musique est fortement marquée par l'avant-gardisme technologique : la robotique, la physique quantique ou l'intelligence artificielle façonnent les structures mélodiques et nourrissent les thèmes abordés. Les liens sont toujours étroits entre les sciences et le mode de vie urbain moderne au sein duquel il évolue.
Son travail est empreint d'un effort métaphysique constant avec cette obsession pour les robots et les hommes machines, en témoigne la trilogie du « Cycle Android » : trois chansons retraçant le voyage d'un Android vers la planète Terre et son succès sur celle-ci en tant que musicien. Deux chansons du cycle sont regroupées dans cette compilation avec les titres « Blauer Planet Blauer » (Synchrotron, 1982) et « Elektronenstimme » (Matrix, 1982). La dernière chanson, « Android », restera inédite jusqu'à aujourd'hui.
Pourtant, derrière cette apparente froideur scientifique, la musique de Symboter est très lumineuse. Né d'un père allemand et d'une mère norvégienne, Olaf est profondément marqué par le folklore allemand et par la poésie des paysages norvégiens entrevus lors de ses voyages d'enfance et qui lui insufflent cette touche mélodique et romantique. Olaf voulait également faire une musique populaire et empreinte d'humanité, en témoigne le touchant « Planet Blauer » (dont la mélodie n'est pas sans rappeler le tube « Hey Ya! » d'OutKast de 2003) ou le titre « Die Transzendenz », chanson d'amour chargée de mélancolie.
Symboter est un pionnier atypique de la musique électronique qui, à 60 ans, continue à en explorer les franges. Cette collection de chansons (car il s'agit bien de chansons) est le témoignage précieux d'une trajectoire unique.