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Jonathan Stewat Vickers voit le jour à Prince Albert, dans la province du Saskatchewan, au Canada, le 29 octobre 1926. Fils d'un pasteur enseignant, sixième d'une fratrie de huit enfants, il chante à la chorale de l'église et se destine à une carrière dans les affaires. Finalement, sa passion pour l'opéra prend le dessus et ses études au Conservatoire royal de Toronto, en 1950, conduisent à ce changement d'option.
Élève de George Lambert et Herman Geiger-Torel, Vickers fait ses débuts sur la scène de l'Opéra de Toronto en 1954, dans le rôle du Duc de Rigoletto (Verdi). Après d'autres prestations dans Cosi fan tutte, La Traviata, et ses premières apparitions en Siegmund (La Walkyrie) et Parsifal, le jeune chanteur est remarqué à l'Opéra de Covent Garden, à Londres, en 1957, dans Un bal masqué (Verdi). L'année suivante, le Festival de Bayreuth l'accueille pour construire son destin d'interprète wagnérien. Il y retournera en 1964 pour Parsifal.
Rapidement, Jon Vickers étend sa notoriété dans les plus grandes salles d'opéras : Vienne (1959), le Metropolitan Opera de New York (1960, Pagliacci de Leoncavallo), où il se produira 280 fois en 22 saisons, la Scala de Milan (Fidelio), l'Opéra de Paris, le Festival d'Orange, le Festival de Salzbourg avec Herbert von Karajan (1970), et ainsi de suite. Archétype du ténor héroïque, qu'un physique robuste sert à merveille, il se distingue par une voix atypique, profonde et expressive, capable d'infinies nuances. Chaque rôle est pensé et joué avec concentration et inspiration.
Croyant fervent, il fait preuve d'une grande exigence dans ses choix, ce qui l'amènera à rater le rôle de Siegfried (Le Crépuscule des dieux) à Bayreuth, à la mort de Wieland Wagner en 1966. Modestement, celui qui ne se considérait guère comme un artiste mais un simple interprète des compositeurs n'a jamais enregistré de récital. Associé aux opéras de Wagner, Jon Vickers n'aura pourtant interprété que quatre d'entre eux dont Tristan et Isolde et Le Hollandais volant. Son répertoire, aussi large que sa tessiture, comprend notamment les opéras de Verdi Aïda, Don Carlos, Othello et La Force du destin ; Peter Grimes de Britten ; Carmen de Bizet ; La Dame de pique de Tchaïkovski ; Samson et Dalila de Saint-Saëns ; Jenufa de Janacek et La Fiancée vendue de Smetana.
Décoré de l'Ordre national du Canada en 1969, le ténor fait ses adieux à la scène en 1987 dans Parsifal. Atteint de la maladie d'Alzheimer dans ses vieux jours, il décède le 10 juillet 2015, à l'âge de 88 ans, et laisse en héritage un patrimoine discographique important comprenant Le Messie d'Haendel (dirigé par Thomas Beecham, 1958) et Les Troyens de Berlioz (direction de Colin Davis, 1969).