Il existe des artistes qui prennent le temps d’ouvrir des parenthèses. Niki Niki en fait partie.
Ce trio joue une musique exigeante, onirique, synthétique mais débordante d’émotions. Construits sur des circonvolutions électro-minimalistes, les onze morceaux de ce premier album cherchent l’émotion pure. C’est une pop androgyne que dessine Niki Niki. Un peu comme David Bowie et Brian Eno avant eux dans leur trilogie berlinoise, ou les néo-romantiques anglais des années 80 (Visage, Eurythmics…). Une sorte de soul music digitale, opaline. Et terriblement attirante. On pourrait penser à Fever Ray (The Knife) qui s’inviterait dans les instrumentaux de The XX ou à James Blake soudainement recruté dans Portishead. On croit également apercevoir des paysages déjà vaguement esquissés par d’autres rêveurs, de Cocteau Twins à Dead Can Dance, en passant par M83. Pourtant Niki Niki réussit le pari de ne ressembler à personne à la première écoute. Il faut peut-être y voir la subtile collaboration avec le producteur Apollo Noir (Rémi Sauzedde dans la vraie vie), un des derniers poulains de l’écurie Tigersushi qui a notamment travaillé avec Yanis, ou encore Jeanne Added.
« Absence » est un disque singulier, aux nappes de claviers glacés et aux arrangements inventifs. Hors du temps. Une faille de douceur avant de retourner dans le chaos.
Laissez-vous donc porter au gré des échos de western futuriste de « Glorious Dayz », dansez au ralenti sur l’hymne pour dancefloor cotonneux « Absence », faites l’amour les yeux fermés pour vous faire surprendre par le sexy « Ungenderness », défiez les lois de la gravité avec la bulle de savon « Nothing Never Dies »…
Bref, ouvrez la parenthèse.